Management interculturel

3 conseils de base pour manager une équipe franco-allemande

Équipe FRADEO
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4 juin 2019

En France, les Allemands et les Allemandes sont souvent vus comme des êtres pragmatiques et ordonnés, voire un peu rigides et froids. A l’inverse, les Françaises et les Français sont généralement considérés par les Allemands comme des personnes brouillonnes, inefficaces et un peu arrogantes. Et en effet, chacun a ses valeurs : les Français sont plus attachés à l’émotion, les Allemands à la raison. Là où nous aimons la créativité et l’originalité, les Allemands se soucient davantage du travail bien fait, basé sur des données chiffrées et factuelles. Pour travailler ensemble, il est nécessaire de comprendre la culture de l’autre, même si cela ne remplace pas une écoute attentive au quotidien. Voici donc trois conseils pour manager une équipe allemande ou franco-allemande lorsque l’on est français.

Conseil n°1 : Adoptez un management davantage participatif

En France, les équipes ont un chef hiérarchique, clairement désigné comme « supérieur » ou « n+1 ». Souvent issu d’une grande école, il donne la direction et impulse la dynamique. En Allemagne, au contraire, le superviseur est généralement un spécialiste qui s’est rôdé au terrain et a gravi les échelons (Fachmann). Il est identifié dans l’organigramme comme un « Vorgesetzter », littéralement celui qui est placé devant ses collaborateurs, et non au dessus. L’organisation, moins pyramidale, permet des relations plus collégiales qu’en France. C’est tout simplement la traduction, dans le monde de l’entreprise, d’une organisation politique non centralisée et d’un système éducatif collaboratif.

Ce modèle d’organisation favorise la recherche d’un consensus négocié. Le contrôle n’est pas lié à la hiérarchie, comme en France, mais à la compartimentation des responsabilités et à la standardisation des processus de travail : chacun sait ce qu’il doit faire et le fait. Impliqués dans la prise de décision, les salariés déterminent ensemble un planning comprenant toutes les tâches successives à réaliser. Ce sont les fameux « Prozesse », ou modes opératoires, à l’origine de l’efficacité allemande.

Les problèmes sont ainsi anticipés en amont et les délais fixés de manière précises. Cette approche méthodique est très rassurante pour les Allemands : elle ne laisse pas de place à une improvisation hasardeuse et limite les coups de pression, vécus comme un stress inutile. Il est très mal vu de remettre en cause, sous une impulsion, ce qui a été décidé collectivement.

Cela signifie-t-il que les Allemands n’innovent pas ? Non, bien au contraire. Mais si l’innovation est vécue en France comme une disruption, une recherche perpétuelle de nouveauté, en Allemagne elle est plutôt vue comme la répétition de plus en plus fine des mêmes modes opératoires. Au bout d’un temps, on obtient un produit très technique et extrêmement bien fini.

Dans la pratique, pour ne heurter personne, veillez bien à :

Conseil n°2 : Respectez les délais et les temps de travail

Le rapport au temps est très différent en France et en Allemagne. En France, l’emploi du temps est une orientation globale, qui supporte parfaitement les petits retards et ajustements de dernière minute. Surtout, le temps est polychronique, c’est-à-dire que plusieurs tâches peuvent être réalisées en même temps. Les activités se déroulent ainsi au gré des évènements ou des rencontres, souvent parallèlement.

En Allemagne, au contraire, le temps est monochronique : les tâches sont réalisées l’une après l’autre, planifiées de manière séquentielle sur un temps linéaire. Dès lors, là où les Françaises et les Français accepteront volontiers la spontanéité et la créativité, les Allemands et les Allemandes seront plus attachés à la ponctualité, au respect de l’emploi du temps et des délais. Cette politique du « Zeit ist Geld », le temps c’est de l’argent, permet aux salariés allemands d’être rapides et efficaces.

Cette gestion du temps a pour corollaire une plus grande compartimentation de la vie professionnelle et de la vie privée. Les salariés allemands aiment se concentrer sur leur travail pour finir leur journée de bonne heure et se consacrer ensuite à leur vie familiale. Alors que le présentéisme plombe de nombreuses entreprises françaises, il est difficilement envisageable, pour un Allemand, de rester au bureau tard le soir ou le week-end.

Cela signifie aussi que l’opérationnel prime sur le relationnel. Le salarié remplit d’abord une fonction au sein de l’entreprise. Il est toujours possible de plaisanter avec ses collègues, mais une fois que les objectifs sont atteints. Ce qui, évidemment, pour une Française ou un Français, peut paraître extrêmement froid et réservé.

Enfin, parce qu’ils se concentrent sur une tâche à la fois, les Allemands vivent mal les interruptions dans leur travail. Ils programment chaque jour les tâches et sous-tâches à réaliser. Des interruptions constantes ou des demandes urgentes viendraient complètement bousculer cet emploi du temps, ce qui serait source de stress.

Pour bien respecter ce rapport au temps, pensez toujours à :

Conseil n°3 : Adoptez un style de communication plus direct

La dernière grande différence culturelle entre les entreprises françaises et allemandes est la communication. En France, on adopte volontiers un style implicite et indirect. On discute à bâtons rompus autour de la machine à café, sans réaliser que l’on donne ainsi des informations essentielles au projet.

Les Allemands, en revanche, s’expriment sur un mode explicite, où l’enjeu essentiel est de faire passer l’information. Dans le milieu professionnel, le ton employé est objectif, factuel et neutre (on dit sachlich).

Ce qu’un Français pourrait prendre pour un manque de diplomatie est une qualité essentielle pour un Allemand : en s’exprimant sans équivoque, on évite les malentendus et les interprétations, toujours sources de complication.

C’est, là encore, un héritage de l’organisation politique allemande, qui nécessite de communiquer et de coopérer au-delà des différences sociales et régionales. On peut aussi y retrouver la patte du luthéranisme, très ancré en Allemagne : on ne cache rien, tout le monde est mis sur un même pied d’égalité.

Ce mode de communication a plusieurs conséquences concrètes dans la vie d’une entreprise allemande :

Pour bien communiquer avec votre équipe allemande, soyez donc bien vigilant à toujours communiquer les informations de manière précise et exhaustive. Prenez des notes, des relevés de décision, et partagez-les. Enfin, évitez de voir des attaques personnelles dans les remarques qui vous sont présentées : ce n’en sont probablement pas !

Équipe FRADEO

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